Le Président de l’État, Reuven Rivlin, a refusé de rencontrer le ministre italien de l’intérieur Mateo Salvini. Si la raison officielle a été “un emploi du temps extrêmement chargé”, (on se demande bien ce qui peut tellement l’occuper à ce point !) le Président avait donné il y a quinze jour à CNN une autre version : «Des néo-fascistes ne devraient pas être les bienvenus en Israël. Le néo-fascisme est totalement contradictoire avec l’esprit, les principes et les valeurs sur lesquelles a été fondé l’État d’Israël. » Bien dit, même si ça peut se discuter…
Benjamin Netanyahou, lui, ne s’embarrasse ni des principes ni des valeurs sur lesquelles, selon le Président, s’est fondé l’État juif, et a salué le ministre italien en l’appelant « un grand ami d’Israël ». Rappelons que Salvini n’a jamais caché son admiration pour Mussolini et le régime fasciste italien.
S’il s’agissait simplement de pragmatisme politique de la part du premier ministre israélien, on ferait une grimace de dégoût, en rappelant que même la raison d’État ne dispense pas de mettre des barrières éthiques. Mais ce n’est pas que du pragmatisme : Netanyahou et le néo-fasciste Salvini partagent, pour reprendre les mots du Président Rivlin, le « même esprit, les même principes et les mêmes valeurs » : d’une part un conservatisme néo-libéral, et de l’autre la xénophobie, le racisme et bien sur, la perception de l’Islam comme une menace civilisationnelle globale.
C’est dans le même état d’esprit que le premier ministre israélien renforce ses alliances avec Viktor Orban, l’admirateur des croix fléchées hongroises responsables du massacre de près d’un million de Juifs hongrois, les ultra-nationalistes (et antisémites) polonais, le régime slovaque ou encore l’extrême droite républicaine états-unienne. Comme je l’ai souvent écrit, pour Netanyahou il s’agit là de « bons antisémites » avec qui nous partageons les mêmes ennemis : l’Islam, les Musulmans et ceux qu’en France on appelle les islamo-gauchistes.
Nos grands parents se retournent dans leurs tombes en voyant le premier ministre de l’État Juif fricoter avec toute cette pègre fasciste et antisémite. Mais, pour reprendre son expression favorite contre notre camp, Netanyahou a depuis longtemps oublié ce qu’est être Juif. Le fait que le Président Rivlin se soit senti obligé de le lui rappeler est une petite consolation.