1ère journée de cueillette dans le Sud de la Cisjordanie occupée
A 4h00 du matin, un petit groupe a accompagné l’agriculteur qui nous héberge dans ses vignes pour cueillir du raisin et le vendre au marché de gros. Il nous a expliqué qu’au mois de juin, le long de la route de contournement, les colons sont venus de nuit avec des tronçonneuses électriques, quatre nuits sur 2 à 3 semaines, et ont détruits 1200 pieds de vigne ce qui correspond à une grosse exploitation. Ce vandalisme a provoqué des protestations très fortes, soutenues par la France et le ministre-président de la Wallonie en Belgique.
Après le petit-déjeuner, nous sommes allés cueillir dans des oliveraies situées au sud de la Cisjordanie, dans le village d’Al Tawani, près de la colonie de Ma’on et particulièrement d’une extension – illégale du point de vue de la loi israélienne de cette colonie. Nous avons rejoint les familles dans le bas de la colline – et ils nous ont montré les oliviers détruits la semaine précédente. Plus loin d’autres champs étaient vidés de leurs arbres. De plus, quelques jours avant notre passage, les oliviers de la parcelle la plus proche de la colonie avaient été pillés. Les paysans nous expliquent qu’ils sont agressés très souvent par les jeunes colons à coups de pierres. Parfois, ils lâchent aussi leurs chiens sur les paysans, comme nous avons pu le voir sur une vidéo. Un homme est arrivé en boitant : sept mois auparavant, alors qu’il était avec son fils, une vingtaine de colons lui ont jeté des pierres, le blessant gravement (fracture du fémur). Son fils est parti en courant pour donner l’alerte.
Les colons jettent aussi des pierres sur les enfants qui se rendent à l’école. Le chef du village nous a expliqué que pendant 10 ans, des observateurs étrangers ont permis de les protéger un tant soit peu, d’abord des Américains, puis des Italiens ces 5 derniers années. Il recherche à présent d’autres observateurs qui pourraient se relayer, en échange du gîte et du couvert.
Pendant notre cueillette, trois soldats israéliens nous observaient, nonchalamment allongés, à 200 mètres de nous. Plusieurs fois dans la journée, nous avons vu les jeeps de la relève se succéder. Ainsi, cette colonie « illégale » est néanmoins protégée par des militaires.
Dans la matinée, nous avons été rejoints par un groupe d’Israéliens de l’association Tayoush qui vient chaque samedi soutenir les Palestiniens soit pour la cueillette, soit pour accompagner les bergers dans la montagne.
Ce grand groupe a permis d’une part de cueillir toutes les olives de cette propriété, d’autre part d’échanger avec les familles et les Israéliens. Ces présences ont été fortement appréciées par les familles qui nous ont offert le déjeuner avant notre départ.
En fin d’après-midi, nous avons visité succinctement la coopérative Al Sanabel et surtout nous avons écouté les explications sur l’histoire de la vigne en Palestine depuis l’Antiquité jusqu’à la création de la coopérative et ses perspectives. Pour finir, les agriculteurs nous ont offert un délicieux barbecue.