La Commission d’Enquête indépendante désignée par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU vient de rendre la version résumée de son rapport sur les manifestations dans le territoire palestinien occupé.
Centré sur les Grandes Marches du Retour entre le 30 mars et le 31 décembre 2018, ce rapport insiste d’abord sur le caractère essentiellement politique et pacifique de ces manifestations, et répertorie une seule opération armée palestinienne, d’un tireur isolé, qui a entraîné un déluge d’obus de l’armée israélienne et 21 morts côté palestinien.
Parmi les 183 tués et 6106 blessés par des tirs directs de l’armée israélienne (dont de nombreux enfants, des femmes, des personnes handicapées, des journalistes et personnels de santé), des enquêtes détaillées ont montré qu’une grande majorité ont été atteintes alors qu’elles se trouvaient entre 50 et 300 mètres de la clôture de séparation, victimes de tirs réguliers et méthodiques des snipers de l’armée israélienne.
Le rapport conclut à une forte probabilité de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité.
Rappelons que la mise en place d’une commission d’enquête indépendante avait été demandée aussi bien par l’Union européenne que par de nombreux États membres dont la France. Son rapport ne doit pas rester sans suite.
Nous attendons donc d’abord de la France et de l’Union européenne qu’elles protègent le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU des pressions extérieures, pour qu’il puisse adopter ce rapport en toute sérénité lors de la séance de sa 40ème session prévue le 18 mars. Nous attendons aussi que ce rapport ne reste pas lettre morte et que des pressions effectives soient exercées sur Israël pour que le blocus de Gaza soit levé, pour que les tirs contre les manifestants cessent, que les responsables des crimes soient jugés, et que les victimes et leurs familles soient indemnisées.
Le rapport insiste aussi sur le caractère profondément démocratique de l’organisation des Marches du Retour, dont le Comité comprend de nombreux représentants de la société civile et un représentant et un seul par parti politique. C’est un mouvement de fond de la jeunesse et de la société civile de Gaza qui exprime ainsi sa résistance populaire, pacifique, culturelle. Il doit être protégé : les manifestations des Marches du Retour doivent être placées sous protection internationale, et notamment celle du 30 mars prochain qui s’annonce de très grande ampleur.
Il faut maintenant que cette mobilisation citoyenne puisse déboucher au plus vite sur la levée du blocus de Gaza. Nous demandons à la France et à l’Union européenne d’y mettre désormais la plus grande énergie, en exerçant les pressions nécessaires sur Israël. Après 12 ans d’un blocus illégal et destructeur, devant l’immense attente exprimée par ces manifestations populaires, le choix est maintenant clairement entre la levée immédiate du blocus et un désespoir aux conséquences incalculables.
Le Bureau national de l’AFPS
1er mars 2019