A Deir Istiya, nous sommes accueillis par Razeq, ainsi que deux anglaises et quatre islandaises de l’association International Women Peace Service. Elles participent aux manifestations et rapportent à l’ONU les injustices dont elles sont témoins.
Nous partons tous ensemble vers Wadi Qana, vallée fertile située en zone C, un parc naturel très convoitée par les israéliens.
Au creux de la vallée, un cours d’eau assure en partie l’irrigation pour les cultures des paysans palestiniens : citrons, oranges, grenades et selon les saisons du blé et quelques légumes.
Sur les crêtes qui bordent la vallée, les colonies s’étendent d’année en année. Il y en a au moins sept. On les identifie facilement aux grillages, à la végétation, aux toits rouges et aux pylônes électriques.
Il est trop tôt dans la saison pour cueillir, nous parlons avec les cinq paysans qui nous accueillent sur leurs terres. Ils nous expliquent les difficultés quotidiennes qu’ils rencontrent pour continuer à cultiver dans cette vallée : les agressions sur leurs trajets, les pollutions qui viennent des colonies, la présence des sangliers et des lièvres introduits par les colons, le sabotage des systèmes d’irrigation, les mauvaises routes, l’interdiction de les réparer, l’interdiction de bâtir des abris saisonniers, le manque d’électricité, la destruction des cultures par les soldats israéliens, …
Entre deux discussions politiques, Yasser joue de sa flute métallique, shibabi, accompagné au chant par Razeq.
Ils évoquent les prix qui sont insuffisants pour vivre, la concurrence des pays voisins, l’incompétence de certains fonctionnaires de l’autorité palestinienne. En quittant le site nous nous reposons sous un eucalyptus, cet espace est fréquenté par de nombreux palestiniens.
À Deir Istiya nous montons au château avec Zuhair jusqu’au point le plus haut où nous avons pu observer toute la ville.
Pendant ce temps là, à Farkha, les bulldozers de l’armée israélienne détruisaient en une heure 4 000 mètres carrés de plantations d’olive, de vignes et de figuiers sur lesquels un paysan travaillait depuis 2 ans. Bien qu’il ait ses titres de propriété, il recevait depuis 45 jours des ordres de remettre le terrain à son état initial. En effet, les autorités israéliennes détournent une ancienne loi pour s’approprier les terres non cultivées. Cerise sur le gâteau, ou pois-chiche sur le houmous, l’armée israélienne va lui envoyer la facture des travaux de destruction de ses cultures…
Les habitants de Farkha mobilisent déjà tous leurs réseaux pour participer à reconstruire les terrasses et replanter.
Au repas du soir, en nous racontant la journée à Farkha, Baker cite le poète Mahmoud Darwich : “Inscris, que je n’ai pas de haine pour les hommes, que je n’assaille personne, mais que si j’ai faim, je mange la chair de mon usurpateur.”
Cela nous rappelle le slogan “Les banquiers nous affament, bouffons-les”