Il est 12h30 quand on arrive à Halhul. Raed est aux champs, cueillir le raisin sûrement, il commence tout juste sa saison, beaucoup de temps passé à la coopérative.
On a l’après-midi devant nous, on se rend vers Hébron à pied, à 4 ou 5km de chez Raed. Nous faisons la rencontre d’Ibrahim qui se propose de nous faire un tour de la ville. Ibrahim habite dans la vieille ville en zone C. Il nous explique que depuis la 2ème intifada, la ville est séparée en deux.
La région d’Hébron compte environ plus de 200 000 Palestiniens, entre 400 et 800 colons et 700 000 habitants dans le gouvernorat d’Hébron.
On dénombre 120 checkpoints et 2000 soldats pour 400 colons. Cela fait donc cinq soldats pour un colon, ces derniers étant payés par le gouvernement pour occuper la ville.
Ibrahim nous emmène dans les hauteurs de la vieille ville voir des oliviers millénaires. Le plus vieux a 2000 ans. Plusieurs ont été brûlés par les colons. Ibrahim nous accompagne ensuite dans la rue des Martyrs, en descendant un escalier qu’il n’est pas autorisé à monter, pour nous montrer l’absurdité de l’organisation de la circulation des Palestiniens dans Hébron. Nous devons alors ensuite le quitter puisqu’il ne peut pas aller plus loin dans la colonie.
Toutes les échoppes, au rez de chaussée, sont fermées, portes soudées – on nous dira que 1400 magasins palestiniens ont été fermés dans la ville – et le nom de la rue a été changée pour David Hamenech.
Des Palestiniens continue d’occuper les étages, mais les colons leur rendent la vie impossible. Une voiture de police palestinienne stationne à la sortie du checkpoint pour protéger les palestiniens des agressions des colons le vendredi.
C’est en rencontrant Ahmad, 25 ans, dans un café que nous prendrons la mesure de l’oppression subie par les habitants palestiniens de Hébron.
Les Palestiniens sont battus et tués près des checkpoints, ou dans les rues.
L’armée israélienne entre dans les maisons jour et nuit. Les habitations sont volées par les colons pendant l’absence des Palestiniens ou après de lourdes pressions.
Les jeunes enfants sont arrêtés par l’armée pendant de longues heures. Les mêmes enfants courent sous les balles pour aller à l’école quand leurs familles les laissent y aller. Des bombes lacrymogènes sont lancées dans les écoles.
Pas de visite, pas de voiture, encore moins d’ambulance.
Ahmad nous dira que bien que l’armée bloque les observateurs internationaux, il est notable à Hébron, la présence de nombreux volontaires d’organisations de toute l’Europe et d’Amérique Latine, associations que nous espérons rencontrer lors d’une prochaine visite.