Nous cueillons ce matin dans le district de Jenine, près du village de Arabah (Nord de la Cisjordanie). Nous sommes au pied de la colonie de Mevo Dotan, de l’autre côté de la route, en contrebas du grillage encerclant la colonie.
Notre groupe de volontaires est séparé en deux, sur les parcelles de deux fermiers. Nous cueillons avec les familles, via le PARC. Un soldat Israélien vient observer la cueillette, appelle ses supérieurs et repart. Chaque fermier déplore la perte d’accès à une partie du champ rendu inaccessible par le grillage de la route, plus de 100 pieds d’oliviers pour chacun, qui préfigure la dépossession des terres et l’extension de la colonie.
Visite du camp de Jenine l’après midi : il a été créé en 1953 pour les réfugiés de 1948 de Haïfa et de 57 villages. A l’origine, il y avait 3000 réfugiés, aujourd’hui il y a 17 000 personnes sur 1 km2 dont 60{49c69444adfa0b057aa5591c65ae37ccec5e603da12fa952fa85b5f3d8016590} d’enfants. Il est difficile pour les enfants dans ce contexte d’avoir un terrain de jeu.
Il y a 75{49c69444adfa0b057aa5591c65ae37ccec5e603da12fa952fa85b5f3d8016590} de chômage dans le camp. Chaque habitant a un statut de réfugié sous l’égide de l’ONU – UNRWA lui permettant de bénéficier de nourriture, des soins et de la scolarité. Depuis les années 2010, les différentes aides se sont énormément dégradées. Le camp est géré par un comité populaire élu et l’UNRWA. Il n’y a qu’un seul centre sanitaire pour tout le camp. L’eau présente des pénuries l’été et une pression insuffisante limitant le débit. Bien que le camp soit situé en zone A, il y a interdiction par Israël de creuser des puits.
En 2002, les israéliens ont détruit plus de 300 maisons, soit la moitié du camp, enterrant parfois des personnes vivantes. 50 a 60 palestiniens ont été tuées durant la résistance palestinienne du 3 au 19 avril 2002.
L’armée israélienne continue régulièrement à venir la nuit à l’intérieur du camp et à procéder à des arrestations avec mise en détention administrative d’une durée indéterminée sans jugement. Y compris des enfants ayant utilisé les réseaux sociaux pour exprimer leur résistance.
Visite du freedom Theater créé par une israélienne Arna Mer Khamis à la fin des années 80 dont le fils Juliano a repris la direction jusqu’en 2011, date à laquelle il a été assassine (Voir le film Arna’s children). Ce théâtre a été créé au service des enfants et des jeunes du camp qui pouvaient sortir diplômés de l’école de théâtre, dans un contexte ou l’absence d’espoir en menait certains à se sacrifier pour leur pays comme martyrs.
Pour d’autres, il a permis d’évacuer les difficultés et les souffrances vécues dans le camp, comme une sorte d’échappatoire par rapport à la violence quotidienne.