Dans un monde où les États puissants font preuve d’une impunité de plus en plus effrontée, il est essentiel de donner une voix à ceux qui résistent. Avec près de 800 juristes, universitaires et praticiens, représentant un large éventail de perspectives universitaires et pratiques, j’ai signé une déclaration mettant en garde contre la possibilité d’un génocide à Gaza, en Palestine. Cette lettre ouverte souligne la gravité de la situation, en mettant en évidence de nombreux cas où l’État d’Israël semble avoir enfreint le droit international, au vu et au su de tous et souvent avec l’aval d’une certaine classe politique et de médias serviles. Il est impératif que nous nous penchions sur ces transgressions et que nous demandions des comptes à ceux qui agissent au mépris du droit international et de la décence humaine la plus élémentaire, aussi imparfaite soit-elle. Je demande instamment à chaque lecteur de réfléchir à cette déclaration et aux implications de ce qui se passe pour nous, pour le droit international et, surtout, pour le peuple palestinien.
Mohsen al Attar
15 octobre 2023
En tant qu’universitaires et praticiens du droit international, des études sur les conflits et les génocides, nous sommes contraints de tirer la sonnette d’alarme quant à la possibilité que les forces israéliennes commettent un crime de génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza. Nous ne le faisons pas à la légère, conscients du poids de ce crime, mais la gravité de la situation actuelle l’exige.
Les conditions préexistantes dans la bande de Gaza avaient déjà suscité des discussions sur le génocide avant l’escalade actuelle – comme par la National Lawyers Guild en 2014, le Tribunal Russell sur la Palestine en 2014, et le Centre pour les droits constitutionnels en 2016. Au fil des ans, des universitaires ont mis en garde contre le fait que le siège de Gaza pourrait constituer un « prélude au génocide » ou un « génocide au ralenti ». La prévalence du langage raciste et déshumanisant et des discours de haine dans les médias sociaux a également été notée dans un avertissement publié en juillet 2014 par le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide et le conseiller spécial pour la responsabilité de protéger, en réponse au comportement d’Israël à l’encontre de la population palestinienne protégée. Les conseillers spéciaux ont noté que des Israéliens avaient diffusé des messages pouvant être déshumanisants pour les Palestiniens et appelant au meurtre de membres de ce groupe, et ont rappelé que l’incitation à commettre des crimes d’atrocité est interdite par le droit international.