Écrire au président de la République... ça suffit !

MONSIEUR LE PRÉSIDENT MACRON,

 

Je me permets de vous transmettre le texte traduit en français de l’intervention que Monsieur Riyad Mansour, observateur permanent de l’État de Palestine auprès des Nations Unies, a prononcée lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité du 13 août 2024 sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.

 

Cette déclaration, à travers le Conseil de Sécurité, s’adresse à vous, personnellement. Depuis le 7 octobre, vous n’avez en effet cessé d’adopter un positionnement ambigu, en tout point semblable à ce que dénonce M. Mansour. Ce que l’on appelle faire deux poids, deux mesures… Vos indignations sont sélectives. Vous faites commencer l’histoire le jour de l’attaque des groupes armés palestiniens et faites semblant de considérer que ce qui se joue est une guerre entre l’État d’Israël « qui a le droit de se défendre » et le Hamas «terroriste ». Ainsi, vous effacez à bon compte le déni du droit international qui dure depuis l’adoption du plan de partage en 1947 et qui commence par le refus de considérer l’existence d’un peuple autochtone (jamais consulté en tant que tel par l’ONU de l’époque), puis de réaliser son droit inaliénable à l’autodétermination. Vous effacez les massacres orchestrés par la Haganah, l’Irgoun et le groupe Stern qui ont terrorisé la population palestinienne et initié la Nakba, le nettoyage ethnique de ce qui devait devenir l’État d’Israël. Vous effacez la colonisation, qui s’est développée dès 1967 et qui est désormais devenue exponentielle, des territoires palestiniens occupés – dont Jérusalem-Est – agitant récemment pour la galerie de vaines menaces contre quelques colons considérés par vous comme trop évidemment violents, « en même temps » que vous exonérez sa dimension systémique, stratégique, assumée par l’État d’Israël et ses représentants, son armée et son corpus de lois d’apartheid. Vous passez sous le tapis les années de blocus de la bande de Gaza, les multiples massacres que l’armée israélienne y a commis, et leurs conséquences humaines, économiques et politiques.

 

Prestidigitateur orwellien de la fabrique que l’oubli, vous n’êtes pas seulement un témoin passif, mais un acteur complice du génocide en cours. Vous êtes en effet, chez nous, un procureur, un accusateur déterminé de la campagne de diffamation indigne qui assimile toute critique de la politique israélienne à de l’antisémitisme. Vos services n’hésitent pas à inculper, voire à condamner toute honte bue, des syndicalistes, des militants associatifs et politiques, des citoyens juifs antisionistes pour apologie du terrorisme (c’est la même accusation qui est portée en Israël contre des opposants politiques à l’occupation, à la colonisation, à l’apartheid et qui vaut à des citoyens israéliens juifs des peines de détention administrative, jusqu’alors réservées aux Palestiniens). Vous contribuez ainsi à dissimuler les fondements suprématistes, coloniaux et surtout géostratégiques du « problème israélo-palestinien », dont la France porte une part de la responsabilité historique.

 

Le carnage continue, les agences de l’ONU présentes sur le terrain alertent : vous laissez faire ! Tout au plus, quand les images sont trop horribles et parviennent à passer le mur de l’autocensure dans les grands médias vous fendez-vous, par l’entremise de votre

ministre démissionnaire des affaires étrangères, de déclarations générales de principe, non sans avoir attendu que vos amis étatsuniens, britanniques ou allemands l’aient fait avant vous.

La France est signataires des conventions sur la prévention et la répression du crime de génocide. Elle a obligation d’intervenir. Le nombre total de personnes tuées, disparues et estropiées dans la bande de Gaza se montait le 12 août à au moins 142 169, (ce qui rapporté à la population française représenterait 4 359 006 victimes : une broutille) : vous laissez faire !

Des entreprises et des banques françaises continuent à investir dans la colonisation : vous laissez faire !

Des entreprises, des secteurs de recherche universitaires coopèrent avec le complexe militaro-industriel lié commercialement, voire structurellement, à leurs équivalents israéliens : vous laissez faire !

Vous êtes donc l’allié d’un État présidé par le signataire de dédicaces sur des bombes destinées à écraser Gaza et dirigé par un affairiste corrompu et des colons fascistes.

Qu’espérez-vous ? Que l’histoire gardera de vous le souvenir du Président des Jeux Olympiques de Paris ? À l’heure où le Président Biden voudrait disparaître en évitant de se voir affubler pour l’éternité du sobriquet de « Genocide Joe », vous devriez, « par Jupiter », songer à ripoliner votre vitrine ! Elle en a grand besoin !

Avez-vous le choix ?

Pouvez-vous encore entendre M. Mansour et, in extremis… sauver l’honneur !

 

 

26 août 2024
Publié par
AFPS - Comité Rennais
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