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La campagne
L’agriculture, une cible permanente de l’occupant israélien
La région de Halhul, près d’Hébron, est réputée pour sa production fruitière mais elle est surtout la première zone de production de raisin de table de Cisjordanie. La culture de la vigne a joué un rôle important dans le développement économique et social de la région mais le développement des colonies, les entraves à la circulation des personnes et des biens qui se multiplient dans les territoires palestiniens occupés ont fait chuter les prix de vente et conduit certains producteurs à renoncer à leurs récoltes et à abandonner leurs terres. L’objectif de l’armée d’occupation est clair : pousser les paysans à abandonner leurs terres et les exproprier pour étendre la colonisation.
La coopérative Al Sanabel, un outil de la résistance civile
Pour faire obstacle à cette politique, est née l’idée de transformer une partie du raisin en jus pasteurisé afin de différer sa commercialisation et ainsi mieux maîtriser le prix de vente. En 2006 la coopérative Al Sanabel a donc été créée par un groupe de producteurs dans le but de tirer un meilleur bénéfice de leur travail.
– La phase pilote (2006-2009) a permis la mise au point du produit à partir d’une petite unité de fabrication artisanale. L’AFPS (Associations France Palestine Solidarité), présente depuis 2001 auprès des paysans d’Halhul, a soutenu dès le départ ce projet à partir d’un réseau de plusieurs groupes locaux de Bretagne.
– La phase d’implantation du projet (2010-2015) permet de consolider la filière de production. D’autres groupes locaux de l’AFPS (Bretagne, Ile de France, Puy de Dôme) et d’autres organisations en France (secours populaire Français 44, Salines de Guérande) ainsi que des groupes de solidarité en Belgique et en Suisse rejoignent le collectif qui appuie le projet. Ce réseau permet de mobiliser un budget plus important (260 000€). En 2011 un terrain est acheté en zone B, les travaux commencent rapidement et la construction d’un local de 500m 2 sur deux niveaux est achevée en 2012. En 2013, l’achat d’un pressoir et d’une égrappeuse est réalisé dans l’optique d’une augmentation de la production. Parallèlement, le processus de production est amélioré dans l’objectif d’assurer la maîtrise de la qualité en vue d’une commercialisation à grande échelle. Des résultats importants sont enregistrés avec un début de stabilisation du prix du raisin et une réappropriation des terres qui avaient été laissées à l’abandon.
– Une phase de développement (2016-2020) est lancée dans l’optique d’une production semi-industrielle pour faire face à l’augmentation des besoins des paysans qui ont remis des terres en culture. La chaîne de production a été conçue pour le traitement de 1000 litres à l’heure en période de récolte. Les différents éléments qui composent la chaîne ont été progressivement implantés et l’ensemble est aujourd’hui opérationnel. La production devrait monter en puissance dès la campagne 2018 avec un objectif à horizon 2021 de 25 0000 bouteilles par an.
Le projet est présenté à l’Agence Française de Développement et a reçu un accord de financement pour 50{49c69444adfa0b057aa5591c65ae37ccec5e603da12fa952fa85b5f3d8016590} du budget total (306 000€).
Aujourd’hui la coopérative est devenue un acteur majeur dans l’organisation de la filière raisin de la région. Elle regroupe 65 adhérents et 360 utilisateurs non-adhérents utilisent ses services, les familles directement concernées par le projet représentent donc au moins 2 400 personnes. L’unité de production emploie deux salariés pendant la période des vendanges et fournit 30 000 bouteilles de jus de raisin.
De nouveaux défis à relever
La croissance de la production n’est pas un objectif en soi, la raison d’être de la coopérative est avant tout de permettre aux paysans de tirer un revenu décent afin qu’ils restent sur leurs terres et les cultivent, évitant ainsi leur confiscation. Cela a déjà entraîné et entraînera une augmentation de la production qu’il faudra écouler pour maintenir le niveau de prix du raisin.