Aujourd’hui, premier jour de cueillette de la semaine du 18 au 24 octobre à Halhul, nous partons pour El Jab’a. Ce petit village de 1000 habitants, situé à 20 km au nord ouest de Halhul, est encerclé par le mur de séparation avec Israel et par plusieurs colonies. L’une d’entre elle, Bet Ayin, est connue pour sa virulence envers les palestiniens.
Une partie de la colonie est depuis plusieurs années en expansion illégale (y compris du point de vue officiel des autorités israéliennes). C’est au pied de celle-ci, par une marche d’approche dans la vallée, que nous tentons de nous rendre pour cueillir les olives, appartenant, depuis plusieurs générations, aux villageois d’El Jab’a.
En arrivant sur les lieux, à une centaine de mètres des premières maisons, le constat est accablant : les olives ont, en grande partie, été cueillies et donc volées par les colons. En quelques minutes ils détectent notre présence et se réunissent. Du côté palestiniens, les paysans palabrent. L’un d’entre eux appelle les militaires, qui nous ordonnent de quitter les lieux au plus vite. Aujourd’hui samedi, jour de shabbat, il n’y a pas de militaire disponible pour surveiller la cueillette. Nous nous déportons donc sur un autre champ, plus en retrait. Après une demi heure de cueillette, s’approche un drone (de l’armée ou de la colonie ?), à moins de 3 mètres, pour nous filmer. Les paysans décident de retenter leur chance au plus proche de la colonie. Certains palestiniens, restés à proximité du village d’El Jab’a, nous alertent que des colons armés, font le tour de la montagne pour nous encercler. Nous partons à travers champ, suivis (de loin) par une dizaine de colons. Arrivent alors les militaires israéliens pour apaiser les tensions. Les colons de Bat Ayin sont dangereux et connus des services d’ordre : ils ont, en cinq ans, blessé deux fois par balle des villageois d’El Jab’a, lors des cueillettes. La semaine dernière, c’est un jet de pierre qui a gravement blessé un paysan. En arrivant sur la route bitumée menant au village, environ cinq colons armés nous encerclent, nous injurient, nous bousculent et nous filment. La tension monte extrêmement vite entre palestiniens tentant de nous défendre et colons visiblement hors d’eux. S’ensuivent échauffourées, injures, jets de pierres et un coup de feu tiré en l’air par un colon.
Nous nous réfugions sur la terrasse d’une propriété à proximité, alors que la police et l’armée, récemment arrivées, apaisent la situation. D’après notre interlocuteur, un colon est envoyé au poste pour avoir pénétré en zone palestinienne, les autres sont invités à rentrer chez eux, en toute impunité. Cette triste péripétie illustre le quotidien de paysans palestiniens fermement déterminés à conserver et exploiter la terre de leurs aïeux, face à une colonisation effrénée, honteusement soutenue et cautionnée par le gouvernement sioniste.