La municipalité de Jérusalem a démoli le centre communautaire d’Al Bustan, une unité résidentielle et la tente de solidarité d’Al Bustan

14 novembre 2024,

Le matin du 13 novembre, la municipalité d’occupation de Jérusalem, protégée par des dizaines de forces de police israéliennes, a fait une descente dans le quartier de Silwan, fermant les routes et entourant le quartier d’Al Bustan. Elle a démoli une unité résidentielle appartenant à la famille AL Qadi, où vivent un enfant, une femme enceinte et le père, ainsi que la tente de solidarité d’Al Bustan et le centre communautaire d’Al Bustan, dans le quartier d’Al Bustan. La tente a été dressée pour défendre et protester contre les décisions de démolition qui ont affecté toutes les maisons du quartier.

La tente qui a été utilisée pendant des années par la communauté, exprimant leur solidarité les uns avec les autres et recevant toutes les délégations de solidarité et diplomatiques au cours des 20 dernières années, était une maison symbolique pour tous les habitants de Silwan.

Depuis le 7 octobre 2023, 15 maisons ont été démolies dans le quartier d’Al-Bustan, et les autres maisons sont menacées de démolition à tout moment.

Contexte :

La municipalité de Jérusalem a intensifié sa campagne de démolition de maisons à Al-Bustan, un quartier situé au cœur de Silwan, à Jérusalem-Est. Le 13 octobre, des entrepreneurs municipaux, protégés par les forces de police, sont entrés à Al-Bustan pour mesurer les locaux de l’association Al-Bustan en vue de leur démolition. Les propriétaires ont reçu l’ordre de retirer leurs biens, avec la menace que s’ils ne se démolissaient pas eux-mêmes, ils seraient démolis par la municipalité à leurs frais. Cette escalade fait suite à des ordres de démolition émis plus tôt dans le mois et touchant l’association Al-Bustan, des espaces communautaires et trois familles, dont les familles Al-Qadi, Rwady et Hamdan.

Le centre communautaire Al-Bustan dessert plus de 1 000 bénéficiaires, dont des enfants, des jeunes et des femmes, et propose des activités psychosociales, culturelles, artistiques, sportives et récréatives essentielles. Son ciblage représente une attaque contre une initiative communautaire volontaire vitale pour le tissu social du quartier. La démolition du centre fait partie d’une campagne plus large qui menace près de 120 maisons et 1 500 résidents, marquant ainsi une crise humanitaire importante.

Le 13 octobre, des entrepreneurs municipaux, protégés par des forces de police, sont entrés à Al-Bustan pour mesurer les locaux de l’association Al-Bustan en vue de leur démolition. Les propriétaires ont reçu l’ordre de retirer leurs biens, en les menaçant de faire démolir le bâtiment à leurs frais. Cette escalade fait suite à des ordres de démolition émis plus tôt dans le mois, affectant l’association Al-Bustan, des espaces communautaires et trois familles, dont les familles Al-Qadi, Rwady et Hamdan.

Déplacement systématique à Silwan/Jérusalem-Est

Depuis le 7 octobre 2023, 15 maisons et une structure commerciale à Al-Bustan ont été démolies, et environ 30 autres maisons ont reçu des ordres de démolition. Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une intensification des efforts de la municipalité pour faire appliquer les ordres de démolition précédemment gelés. L’objectif déclaré est d’établir un « parc biblique » sur le site, déplaçant des centaines de familles et faisant de plus de 360 enfants des sans-abri.

Cette vague de démolitions coïncide avec l’attaque militaire d’Israël contre Gaza, qui se sert de ce prétexte pour accélérer l’expansion des colonies, les démolitions et l’intensification de la répression à Jérusalem-Est occupée. Les actions de la municipalité ont conduit à la violation systématique des droits des Palestiniens, détériorant davantage leurs conditions de vie et créant une atmosphère de coercition visant à forcer les résidents à abandonner leurs maisons.

L’impact humain :

Derrière le discours juridique et politique, les ordres de démolition à Al-Bustan menacent de briser la vie de familles qui vivent dans le quartier depuis des générations. Le centre communautaire d’Al-Bustan, aujourd’hui menacé, a longtemps servi de sanctuaire à plus de 1 000 bénéficiaires. Nous ne pouvons pas simplement compter le nombre de bénéficiaires sans mentionner l’attachement psychologique des groupes et des bénéficiaires aux programmes de soutien psychologique et aux relations humaines qui ont été tissées dans ce lieu, ainsi que l’aide psychologique, sanitaire, physique, technique et comportementale qui a été construite et maintenue pendant les années où les services de l’association ont été utilisés. C’est un lieu où les enfants viennent jouer, où les femmes se rassemblent pour obtenir du soutien et où les voisins se réunissent pour des activités culturelles et sociales. Pour beaucoup, c’est une bouée de sauvetage dans une ville où les espaces publics pour les Palestiniens sont rares.

Depuis les années 1990, à mesure que le quartier s’est développé et que les besoins en logement se sont accrus, de nombreuses familles n’ont eu d’autre choix que de construire sans permis. Ces constructions étaient des actes de nécessité, et non de défiance, motivés par le manque d’options de logement disponibles pour les Palestiniens. Malgré cela, les habitants n’ont cessé de chercher des voies légales pour préserver leurs maisons, en présentant des plans alternatifs détaillés qui garantiraient la croissance et le développement du quartier sans démolitions. À chaque fois, ils ont été déboutés.

Pour les habitants d’Al-Bustan, la maison est plus qu’un simple lieu de vie ; c’est un point d’ancrage à leurs racines culturelles et historiques à Jérusalem. Le projet de développement menace de rompre ces racines, en déplaçant des familles qui ont déjà enduré des années de batailles juridiques, d’anxiété et d’incertitude. Les récentes démolitions ont laissé des vides béants dans le quartier, là où se trouvaient autrefois des maisons pleines de vie. Des enfants marchent près des décombres, apprenant bien trop tôt les conséquences d’une occupation qui efface leur existence de la carte.

Les histoires d’Al-Bustan ne sont pas seulement des histoires de perte, mais aussi de résistance. Des familles comme les Hamdans, Rweady Al qadi, Odeh et Abu Diab se sont mobilisées, avec leurs voisins, pour repousser les démolitions et défendre leur droit à rester sur leurs terres. Malgré l’incertitude, la communauté continue de s’organiser, s’appuyant sur la solidarité internationale pour attirer l’attention sur leur situation. Ils ne se battent pas seulement pour des maisons, mais pour le droit de vivre dans la dignité, de rester dans la ville où leurs ancêtres ont vécu pendant des siècles.

Le contexte juridique : Obligations en vertu du droit international

Jérusalem-Est est toujours reconnue internationalement comme un territoire occupé. En vertu de la quatrième convention de Genève, Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation de protéger la population locale contre les déplacements forcés et la destruction des biens privés. L’article 49 interdit explicitement le transfert forcé de personnes protégées, quel qu’en soit le motif, tandis que l’article 53 interdit toute destruction de biens non justifiée par des nécessités militaires.

Malgré ces obligations, les autorités israéliennes ont utilisé les lois sur l’urbanisme pour refuser aux Palestiniens des permis de construire, les obligeant à construire « illégalement » par nécessité. Le régime d’urbanisme israélien a systématiquement refusé les plans de logement alternatifs proposés par les résidents d’Al-Bustan depuis 2004. Ces plans, menés par la communauté, visaient à légaliser les bâtiments existants, à promouvoir le développement local et à préserver le caractère naturel et culturel de la zone sans avoir recours à la démolition. Pourtant, la municipalité a toujours rejeté ces solutions et a poursuivi ses plans visant à saisir 70 % des terres du quartier pour créer le « Parc national de la Cité de David », financé et géré par l’organisation de colons Elad.
Le rôle de la communauté internationale, en particulier des États-Unis et de l’Union européenne :

Le Comité Al-Bustan appelle les Etats-Unis, l’Union européenne et ses Etats membres, en tant que Hautes Parties Contractantes aux Conventions de Genève, à remplir leurs obligations légales et morales :

Faire respecter le droit international humanitaire : les lignes directrices de l’UE sur la promotion du respect du droit international humanitaire (2005/C327/04) devraient être invoquées pour tenir Israël responsable des actions violant les Conventions de Genève, en particulier les articles 49 et 53, concernant la protection des civils et des biens sous occupation.

Exercer une pression diplomatique et économique : l’Union européenne devrait envisager des sanctions ou d’autres mesures pour contraindre Israël à mettre fin à la campagne de démolition, qui compromet les perspectives de paix et viole les droits légaux des résidents palestiniens. La protection des populations civiles dans les territoires occupés est un principe non négociable du droit international.

Soutenir les alternatives juridiques proposées par la Communauté : l’UE devrait plaider en faveur de l’acceptation de plans de développement menés par la communauté, qui respectent les droits au logement des résidents et l’importance historique du quartier. Le soutien international à de telles initiatives peut contribuer à prévenir les expulsions forcées et à préserver l’identité sociale et culturelle d’Al-Bustan.

Conclusion

La campagne de démolition à Al Bustan n’est pas un incident isolé mais fait partie d’une stratégie plus large visant à modifier le paysage démographique et culturel de Jérusalem-Est. En tant que diplomates européens, votre réponse a un poids important dans le respect des normes juridiques internationales et la défense des droits d’une population vulnérable. Le déplacement forcé des Palestiniens de leurs maisons constitue une grave violation du droit international, qui exige une action internationale urgente et coordonnée.

Le Comité Al Bustan demande instamment à l’Union européenne de faire preuve de leadership en prenant des mesures décisives pour empêcher la destruction d’Al-Bustan et protéger les droits et la dignité de ses résidents. L’avenir de Jérusalem-Est dépend non seulement des principes juridiques, mais aussi du courage moral de les faire respecter dans la pratique.

Comité Al Bustan

Photos : Le centre communautaire d’Al Bustan est détruit par l’armée israélienne © Sources locales

https://www.france-palestine.org/La-municipalite-de-Jerusalem-a-demoli-le-centre-communautaire-d-Al-Bustan-une

Mettre fin au système israélien d'apartheid économique en Palestine

Mettre fin au système israélien d’apartheid économique en Palestine

Souvent négligé, le système intentionnel de fragmentation économique et de dépossession des Palestiniens mis en place par Israël est une partie essentielle de son plan de nettoyage ethnique de la terre et de refus de la libération palestinienne.

ttps://mondoweiss.net/2024/08/end-israels-system-of-economic-apartheid-in-palestine/ Par Chris Habiby 10 août 2024

Photo d’archive : Une femme palestinienne passe devant un bureau de Western Union dans la ville de Gaza en 2011. (Photo : Mahmoud Nassar / APA Images)

Lorsque la Cour internationale de justice a statué, le 19 juillet, que les politiques et les pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés étaient illégales, “équivalant au crime d’apartheid” selon le président de la Cour, les Palestiniens, leurs alliés et les organisations de défense des droits de l’homme ont eu raison d’affirmer la même chose depuis des décennies. Depuis 75 ans, le vol par Israël de terres palestiniennes, son entreprise de colonisation illégale et la discrimination systémique à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël ont tous contribué à l’extension du système d’apartheid. Toutefois, ces éléments ne constituent pas l’ensemble du plan israélien de nettoyage ethnique de la terre et de refus de toute forme de libération palestinienne.

Trop souvent, le système intentionnel qui fragmente économiquement et dépossède les

Palestiniens est oublié.

Ce système impose des restrictions économiques aux Palestiniens, les marginalise et les prive de leur pouvoir économique tout en les empêchant de recevoir de l’aide, de participer à l’économie mondiale et d’accéder aux services financiers. Il se manifeste par le recours contraint à une aide fabriquée, par des cadres juridiques qui criminalisent l’aide directe et mutuelle, et par des politiques obstructives et discriminatoires de la part d’entités privées et gouvernementales. Dans ce contexte, il existe une façon claire de décrire ce système d’exclusion financière et de sabotage institutionnel : l’apartheid financier.

Il est pratiquement impossible que le développement et la réhabilitation aient lieu dans le contexte d’une déstabilisation politique et économique soutenue et orchestrée ; un fait qui précède le 7 octobre mais qui est apparu dans toute sa splendeur depuis lors. En refusant de fournir aux Palestiniens le soutien requis par les puissances occupantes en vertu du droit humanitaire international et en faisant activement obstruction à tout moyen de subvenir à leurs besoins, l’État israélien a de facto exigé des acteurs internationaux qu’ils répondent aux besoins des Palestiniens vivant sous l’occupation. La crise actuelle à Gaza n’est pas à l’origine de cette dépendance artificielle, et toute affirmation en ce sens dément les 17 années de siège et de blocus israéliens de Gaza (eux-mêmes une forme de guerre économique contre les Palestiniens) qui ont dévasté l’économie de la bande de Gaza. Il a plutôt exacerbé cette nécessité fabriquée et souligné comment elle contribue à la marginalisation économique des Palestiniens.

Cet apartheid financier a contraint les Palestiniens, en particulier ceux de Gaza, à s’appuyer sur des réseaux d’entraide pour obtenir les produits nécessaires à leur survie. Pour les Américains (y compris ceux qui ont des membres de leur famille en Palestine), soutenir les Palestiniens directement ou par l’intermédiaire de ces réseaux comporte des risques importants. Dans un rapport publié en février dernier, Palestine Legal et le Center for Constitutional Rights ont démontré que depuis les années 1960, le gouvernement américain “a utilisé la loi antiterroriste pour cibler le mouvement palestinien et ses partisans et pour stigmatiser les Palestiniens en tant que terroristes”. Ce cadre dangereux et déshumanisant utilisé contre les Palestiniens met en danger tous les efforts d’aide non gouvernementale. Parmi les exemples les plus médiatisés de ce risque figure l’affaire des Cinq de Terre Sainte, qui ont été poursuivis en vertu de la loi sur le “soutien matériel” pour avoir fait des dons à des organisations caritatives palestiniennes que le gouvernement américain lui-même soutenait.

Outre la responsabilité juridique potentielle, le fait de fournir une aide directement ou par l’intermédiaire de réseaux d’entraide comporte également le risque de fermeture de comptes bancaires et d’interdiction d’utiliser des services de transfert d’argent. Les régimes de sanctions visant le financement du terrorisme ont incité les institutions financières et les prestataires de services à refuser les relations et les transactions avec les personnes et les organisations associées à la Palestine. La menace de sanctions financières sévères a créé un écosystème où les Palestiniens et leurs partisans sont exclus sous couvert d’une gestion prudente des risques.

En raison de leur exclusion des systèmes bancaires traditionnels, les Palestiniens et ceux qui cherchent à les soutenir sont contraints d’utiliser les services financiers de tiers. Pourtant, même avec ces prestataires de services, des pratiques systématiques entravent ou empêchent carrément l’accès. Par exemple, PayPal refuse de fournir ses services aux Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés (bien qu’il fournisse des services aux non-Palestiniens vivant dans des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie), en invoquant des risques de sécurité élevés, ce qui est une erreur grossière si l’on considère que Visa, Mastercard et Apple fournissent toujours des services financiers sur le terrain. Autre exemple de l’utilisation des services financiers en ligne pour entraver l’accès, Venmo (qui appartient à PayPal) a fermé les comptes des particuliers et bloqué les fonds des personnes qui ont fait des dons à Gaza pour apporter un soutien humanitaire.

Les obstacles économiques ne se limitent pas aux plates-formes numériques. Les services de transfert d’argent, comme Western Union et Moneygram, participent également à la discrimination à l’encontre des Palestiniens en bloquant les transferts et en demandant des documents invasifs aux expéditeurs et aux destinataires. Les Palestiniens et ceux qui cherchent un soutien financier doivent fournir des licences de naissance ou de mariage, des titres de propriété, des relevés de prêts et d’hypothèques, des informations sur l’enregistrement des entreprises et l’identification fiscale. Ces exigences uniques en matière de documents ne s’appliquent qu’aux transferts vers les Palestiniens. En outre, les transferts d’argent liquide vers les Palestiniens sont soumis à une limite beaucoup plus basse, et ces transferts ne peuvent être effectués qu’entre des personnes liées par un seul degré de parenté.

Il est important de noter que les systèmes imposant une instabilité économique artificielle aux Palestiniens ne sont pas exclusifs à ceux qui vivent à Gaza. Les recettes fiscales appartenant au peuple palestinien par l’intermédiaire de l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie occupée sont régulièrement retenues par le gouvernement israélien et souvent utilisées comme monnaie d’échange pour obtenir des concessions de la part de l’AP et du gouvernement israélien dans son ensemble. Ces recettes fiscales font également l’objet de déductions fréquentes de la part d’Israël.

Entre avril et juillet de cette année, le ministre des finances israélien ultra-nationaliste Bezalel Smotrich a refusé de restituer les recettes fiscales, ne cédant qu’après l’approbation par le cabinet israélien de la reconnaissance de cinq colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Au cours de cette période, seuls 50 à 60 % des employés du secteur public ont reçu leur salaire. L’impact sur l’économie palestinienne de la manipulation politique des recettes fiscales de Cisjordanie est encore aggravé par les menaces de ce même ministre de couper complètement les institutions financières palestiniennes du système bancaire mondial, une mesure qui, selon les experts de l’ONU, pourrait “paralyser l’économie palestinienne”.

En fin de compte, la confluence d’une déstabilisation économique soutenue et de cadres juridiques qui criminalisent l’aide directe et mutuelle a créé un écosystème qui empêche activement la croissance d’une économie palestinienne robuste. Grâce à cet apartheid financier, les Palestiniens sont isolés économiquement et empêchés de prendre des mesures substantielles pour améliorer leur situation financière. Le système d’exclusion économique auquel sont soumises les populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie doit être démantelé. Il est temps que l’économie palestinienne soit repensée et redéveloppée.

Chris Habiby est actuellement directeur national des affaires gouvernementales et du plaidoyer pour l’American-Arab Anti-Discrimination Committee (ADC), où il dirige toutes les activités législatives, réglementaires et politiques de l’organisation. Chris a obtenu une licence en droit et justice en 2014 et un master en terrorisme et politique de sécurité intérieure en 2016, tous deux à l’American University de Washington, D.C.

Un nouveau rapport de l'ONU décrit "l'anatomie d'un génocide" à Gaza

Un nouveau rapport de la rapporteuse spéciale des Nations unies Francesca Albanese montre comment Israël a subverti le droit international pour fournir une couverture légale au génocide.

https://mondoweiss.net/2024/04/new-un-report-outlines-the-anatomy-of-a-genocide-in-gaza/

Par Jonathan Ofir 2 avril 2024

La semaine dernière, Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, a publié un rapport intitulé “Anatomie d’un génocide”, dans lequel elle conclut qu’il existe des “motifs raisonnables de croire” que le seuil indiquant la commission d’un crime de génocide a été atteint.

Les rapports de ce type n’ont généralement pas de titre, mais le titre lui-même illustre la nature de ce que Mme Albanese décrit dans son rapport immaculé de 25 pages. Il ne s’agit pas seulement d’un cas d’école de génocide, avec une intention clairement et largement exprimée par les dirigeants, soutenue par des actions génocidaires évidentes, mais aussi de la manière dont Israël a utilisé le langage et les principes du droit international humanitaire (DIH, les lois régissant la guerre) pour dissimuler l’acte.

Albanese commence par le contexte historique du génocide, même enraciné dans les intentions colonialistes israéliennes antérieures à l’État, puis décrit comment Israël a commis trois aspects essentiels du crime de génocide – le meurtre de membres d’un groupe particulier de personnes, l’atteinte à l’intégrité physique ou mentale et la création de conditions de vie destructrices. Il y a également une section concernant l’intention qui fait la chronique de certaines des innombrables expressions génocidaires sans ambiguïté des dirigeants israéliens.

Ensuite, au milieu du rapport, et constituant presque la moitié de celui-ci (points 55-92, sur 97 points), se trouve une section consacrée à l’idée de “camouflage humanitaire : déformer les lois de la guerre pour dissimuler l’intention génocidaire”.

Cette section est subdivisée en cinq thèmes centraux :

  1. Les boucliers humains et la logique du génocide

  2. Transformer l’ensemble de Gaza en “objectif militaire”.

  3. L’assassinat aveugle en tant que “dommages collatéraux”.

  4. Évacuations et zones de sécurité

  5. Le bouclier médical

Albanese démontre comment les trois principes centraux du droit international humanitaire – distinction, proportionnalité et précaution – ont été détournés par Israël dans le but d’obscurcir ses actes génocidaires et de fournir un voile juridique à des actes illégaux et aveugles.

“Cela a occulté l’un des principes fondamentaux du droit international humanitaire”, écrit M. Albanese. “Les attaques indiscriminées, qui ne distinguent pas les cibles militaires des personnes et des objets protégés, ne peuvent être proportionnées et sont toujours illégales.

Les Palestiniens se sont ainsi “décivilisés” :

“L’une des principales caractéristiques du comportement d’Israël depuis le 7 octobre a été l’intensification de la décivilisation des Palestiniens, un groupe protégé par la Convention [sur le génocide]. Israël a utilisé la terminologie du droit international humanitaire pour justifier son recours systématique à la violence meurtrière contre les civils palestiniens en tant que groupe et la destruction massive des infrastructures nécessaires à la vie. Israël a fait cela en déployant des concepts du DIH tels que les boucliers humains, les dommages collatéraux, les zones de sécurité, les évacuations et la protection médicale d’une manière si permissive qu’elle a vidé ces concepts de leur contenu normatif, subvertissant leur objectif de protection et érodant finalement la distinction entre les civils et les combattants dans les actions israéliennes à Gaza”.

Il est effrayant de penser que l’affirmation du ministre israélien de la défense selon laquelle “nous avons affaire à des animaux humains et nous agirons en conséquence” (9 octobre), s’est traduite dans la réalité d’une manière telle que les humains sont réduits à des décombres conceptuels – déshumanisés et décivilisés.

L’analyse se poursuit en décrivant la subversion par Israël des normes du droit international humanitaire, notamment des concepts tels que les boucliers humains, les objectifs militaires et les dommages collatéraux.

Boucliers humains

L’histoire de l’utilisation générale de ce terme comme prétexte à des attaques aveugles est mentionnée, en particulier lors des agressions de 2008 à 2022. Mais le 7 octobre, cette pratique a atteint un nouveau niveau :

Après le 7 octobre, cette macro-caractérisation des civils de Gaza en tant que population de boucliers humains a atteint des niveaux sans précédent, les principaux dirigeants politiques et militaires d’Israël présentant systématiquement les civils comme des agents du Hamas, des “complices” ou des boucliers humains parmi lesquels le Hamas est “intégré”… Le droit international ne permet pas d’affirmer de manière générale qu’une force adverse utilise l’ensemble de la population comme boucliers humains en bloc… L’accusation d’utilisation de boucliers humains est donc devenue un prétexte, justifiant le meurtre de civils sous le couvert d’une prétendue légalité, dont l’omniprésence n’admet que l’intention génocidaire. “

Gaza comme « objectif militaire »

Le droit international stipule que les attaques doivent être “strictement limitées” à des objets qui “doivent offrir un avantage militaire certain”. Mais, note Albanese, “Israël a détourné cette règle pour “militariser” les objets civils et ce qui les entoure, justifiant ainsi leur destruction aveugle”. Ainsi, “la population civile et les infrastructures de Gaza sont présentées comme des obstacles placés parmi, devant et au-dessus des cibles… Israël a qualifié l’ensemble du territoire d’objectif militaire… Israël considère tout objet qui a prétendument été ou pourrait être utilisé militairement comme une cible légitime, de sorte que des quartiers entiers peuvent être rasés ou démolis sous couvert de légalité”.

Les assassinats aveugles considérés comme « dommages collatéraux »

Israël cherche à dissimuler le ciblage à grande échelle des civils en les qualifiant de “dommages collatéraux”. Invoquant le concept de “dommages collatéraux proportionnés” pour abattre sciemment un grand nombre de membres du groupe protégé, Israël affirme que lorsque les attaques entraînent plus de dommages collatéraux que prévu, cela n’indique pas nécessairement une violation, puisque “la conformité est axée sur le comportement et non sur le résultat”. “Cependant, écrit Albanese, dans toutes les attaques lancées contre des tours d’habitation, il n’y a pas eu de violation,

“dans toutes les attaques lancées contre des tours résidentielles sans avertissement, des dommages civils importants ont été anticipés comme principal résultat. L’immeuble Al-Taj était rempli de familles au moment de l’attaque du 31 octobre, dont on a dû prévoir qu’elle tuerait ou blesserait certainement tous les civils qui y vivaient. Le fait que tant de personnes aient été tuées était tout à fait prévisible – et donc au moins indirectement voulu – comme le montrent les images publiées par l’armée israélienne elle-même. L’attaque du camp de réfugiés de Jabalia, le 25 octobre, a tué au moins 126 civils, dont 69 enfants, et en a blessé 280 autres. Le personnel militaire israélien a affirmé que la cible était un commandant du Hamas dans une base souterraine”.

Israël semble évaluer la “proportionnalité” non seulement comme une question d’avantage militaire, mais aussi comme une question de destruction politique du Hamas :

“Les évaluations de proportionnalité d’Israël ont bafoué les exigences légales en définissant l’avantage militaire, dans chaque attaque, par rapport à la destruction de l’ensemble de l’organisation du Hamas , à la fois politiquement et militairement. Il est manifestement illégal de déclarer comme objectif de guerre la destruction de la capacité politique de l’autre partie (en particulier dans le contexte d’une occupation militaire de 56 ans qui prive la population occupée de son droit à l’autodétermination)… En d’autres termes, Israël semble se présenter comme menant un ‘génocide proportionné'”.

Évacuations et zones de sécurité

Albanese écrit :

“L’ordre d’évacuation massive du 13 octobre – lorsque 1,1 million de Palestiniens ont reçu l’ordre d’évacuer le nord de Gaza en 24 heures vers des “zones de sécurité” désignées par Israël dans le sud… Au lieu d’accroître la sécurité des civils, l’ampleur même des évacuations au milieu d’une campagne de bombardements intense, et le système de zones de sécurité communiqué de manière désordonnée, ainsi que les coupures de communication prolongées, ont accru les niveaux de panique, les déplacements forcés et les tueries de masse.”

Lorsque les habitants du nord ont été évacués vers le sud, “Israël a illégalement classé les habitants du nord de Gaza qui étaient restés (y compris les malades et les blessés) dans la catégorie des “boucliers humains” et des “complices” du terrorisme”, transformant ainsi des centaines de milliers de civils en cibles militaires “légitimes” ou en victimes collatérales par le biais d’ordres d’évacuation impossibles à suivre”.

Et les zones de sécurité n’étaient pas sûres non plus :

“L’effacement des protections civiles dans la zone évacuée a été combiné à un ciblage aveugle des personnes évacuées et des habitants des zones désignées comme sûres… Sur les quelque 500 bombes de 2 000 livres larguées par Israël au cours des six premières semaines d’hostilités, 42 % ont été déployées dans les zones désignées comme sûres dans les régions méridionales”.

“En d’autres termes, résume Albanese, les “zones de sécurité” ont été “délibérément transformées en zones de massacres”.

Il s’agit d’un outil de nettoyage ethnique :

“Le schéma des meurtres de civils qui ont été évacués vers le sud, associé aux déclarations de certains Israéliens de haut rang affirmant leur intention de déplacer de force les Palestiniens hors de Gaza et de les remplacer par des colons israéliens, permet de déduire raisonnablement que les ordres d’évacuation et les zones de sécurité ont été utilisés comme des outils génocidaires pour parvenir à un nettoyage ethnique.”

Protection médicale

Ce point fait froid dans le dos, car le plus grand hôpital de Gaza, al-Shifa, a été réduit à des décombres carbonisés, avec des corps éparpillés dans la zone, à la suite du récent siège israélien de deux semaines.

Une dernière couche du “camouflage humanitaire” d’Israël concerne ses efforts pour fournir une couverture juridique aux attaques systématiques contre les installations et le personnel médicaux, provoquant l’effondrement progressif du secteur de la santé à Gaza”, écrit M. Albanese.

Ce n’est pas la première fois qu’Israël accuse le Hamas d’utiliser les hôpitaux comme “quartiers généraux du Hamas”, mais “dans l’assaut actuel, Israël a invoqué cette stratégie juridique pour justifier un génocide par la destruction complète des infrastructures vitales”.

Israël a été largement contesté pour son assaut contre l’hôpital al-Shifa en novembre.

“Les médias ont contesté les allégations d’Israël selon lesquelles le Hamas utilisait les hôpitaux comme boucliers, affirmant qu’il n’y avait aucune preuve que les chambres reliées à l’hôpital avaient été utilisées par le Hamas ; les bâtiments de l’hôpital (contrairement aux images 3D de l’armée israélienne) n’étaient pas reliés au réseau de tunnels ; et il n’y avait aucune preuve que les tunnels étaient accessibles depuis les salles de l’hôpital. En outre, l’armée israélienne aurait réorganisé l’armement à al-Shifa avant les visites des équipes de presse, ce qui a renforcé les soupçons de fabrication après que l’armée israélienne ait affirmé qu’une “liste de terroristes” qu’elle avait trouvée dans un autre hôpital de Gaza – Al Rantisi – s’est avérée être un calendrier des jours de la semaine en arabe”.

Le niveau de la propagande israélienne prêterait à rire (et a été largement tourné en dérision) si elle n’était pas aussi mortellement sérieuse. Même si l’on prenait ces allégations répétées au pied de la lettre, Israël s’est comporté de manière illégale :

“Que les accusations d’Israël concernant la protection des hôpitaux à al-Shifa soient vraies ou non – ce qui reste à prouver -, les civils dans les hôpitaux auraient dû être protégés et ne pas être soumis à un siège et à une attaque militaire.

Cette absence de protection des civils était elle-même génocidaire :

L’intention derrière le “camouflage humanitaire” d’Israël en l’occurrence ne peut être qualifiée que de génocidaire, et ce pour deux raisons. Premièrement, Israël était conscient de la destruction à grande échelle du système de santé, puisque l’Organisation mondiale de la santé avait signalé à la mi-novembre qu’une “catastrophe de santé publique” se développait à Gaza, 26 des 35 hôpitaux n’étant plus opérationnels en raison des bombardements et du siège d’Israël. Deuxièmement, Israël savait que son opération militaire faisait un nombre important de blessés. Les traumatismes physiques constituent la principale cause de surmortalité à Gaza. Il était prévisible que la suspension forcée des services du plus grand hôpital de Gaza porterait gravement atteinte aux chances de survie des blessés, des malades chroniques et des nouveau-nés en couveuse. Par conséquent, en prenant pour cible l’hôpital al-Shifa, Israël a sciemment condamné des milliers de malades et de personnes déplacées à des souffrances et à une mort qui auraient pu être évitées”.

Conclusions et recommandations

“La nature et l’ampleur écrasantes de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a infligées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe”, conclut M. Albanese.

“Israël a cherché à dissimuler sa conduite éliminatoire des hostilités, sanctionnant la commission de crimes internationaux, sous le couvert du respect du droit international humanitaire. Détournant les règles coutumières du droit international humanitaire, notamment la distinction, la proportionnalité et les précautions, Israël a de facto traité tout un groupe protégé et son infrastructure vitale comme “terroriste” ou “soutenant le terrorisme”, transformant ainsi tout et tout le monde en cible ou en dommage collatéral, donc tuable ou destructible”.

Cela remonte à la première Nakba de 1948 :

“Le génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens de Gaza est une phase d’escalade d’un processus d’effacement colonial de longue date. Depuis plus de sept décennies, ce processus étouffe le peuple palestinien en tant que groupe – démographiquement, culturellement, économiquement et politiquement – en cherchant à le déplacer, à l’exproprier et à contrôler ses terres et ses ressources. La Nakba en cours doit être arrêtée et réparée une fois pour toutes. C’est un impératif que l’on doit aux victimes de cette tragédie qui aurait pu être évitée, ainsi qu’aux générations futures de ce pays”.

Les deux derniers points (96-97) du rapport portent sur ce que nous – la communauté internationale – pouvons, et même devons faire, pour éviter ce génocide.

“Le rapporteur spécial exhorte les États membres à faire respecter l’interdiction du génocide conformément à leurs obligations indérogeables. Israël et les États qui se sont rendus complices de ce que l’on peut raisonnablement considérer comme un génocide doivent rendre des comptes et fournir des réparations à la hauteur de la destruction, de la mort et du préjudice infligés au peuple palestinien”.

Les moyens à notre disposition :

  • Mettre en œuvre immédiatement un embargo sur les armes à destination d’Israël, ainsi que d’autres mesures économiques et politiques nécessaires pour garantir un cessez-le-feu immédiat et durable, y compris des sanctions.

  • Soutenir la plainte de l’Afrique du Sud auprès de la CIJ qui accuse Israël de génocide.

  • Garantir une “enquête approfondie, indépendante et transparente” sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, y compris des missions d’enquête internationales, en saisissant la Cour pénale internationale et en appliquant la compétence universelle.

  • Qu’Israël et les autres États complices du génocide s’engagent à ne pas le répéter et à payer l’intégralité du coût de la reconstruction de Gaza.

  • S’attaquer aux causes profondes par l’intermédiaire des Nations unies, notamment en reconstituant le Comité spécial des Nations unies contre l’apartheid.

  • À court terme, déployer “une présence internationale protectrice pour limiter la violence régulièrement utilisée contre les Palestiniens dans le territoire palestinien occupé”.

  • Garantir l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (qui a fait l’objet d’une campagne de défaisance au cours des derniers mois en raison d’une campagne de propagande israélienne).

Enfin, M. Albanese invite le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à “intensifier ses efforts pour mettre fin aux atrocités actuelles à Gaza, notamment en promouvant et en appliquant correctement le droit international, en particulier la Convention sur le génocide, dans le contexte du territoire palestinien occupé dans son ensemble”. En d’autres termes, il s’agit de considérer le génocide de Gaza non pas comme une simple affaire locale, mais comme une attaque génocidaire contre tous les Palestiniens, y compris au-delà des limites géographiques de Gaza.

Réponses internationales

La première réaction réflexe d’Israël a été de qualifier le rapport d'”inversion obscène de la réalité”. Le problème est qu’Albanese a utilisé environ la moitié de son rapport méticuleux pour documenter comment c’est précisément Israël qui inverse la réalité – par la déformation mentionnée des termes du droit international humanitaire – pour justifier et poursuivre son génocide.

Les États-Unis, pour leur part, ont choisi d’éviter le sujet en tirant sur le messager – en se cachant derrière des allégations régurgitées et fausses selon lesquelles Mme Albanese serait antisémite – comme l’a fait le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, en réponse à une question sur le sujet :

“Nous nous opposons depuis longtemps au mandat de ce rapporteur spécial qui, selon nous, n’est pas productif. Et en ce qui concerne la personne qui occupe ce poste, je ne peux m’empêcher de noter les commentaires antisémites qu’elle a faits et qui ont été rapportés”.

Mais de nombreux autres pays, en particulier des pays arabes et d’autres pays du Sud, se sont ralliés à Mme Albanese et ont affirmé le sérieux de son rapport. Lors de la présentation du rapport à l’ONU la semaine dernière, Israël et les États-Unis ont boycotté l’événement. L’UE, pour sa part, a appelé à des “enquêtes appropriées et indépendantes sur toutes les allégations”, reconnaissant hélas “le droit d’Israël à l’autodéfense”.

“Il convient de préciser que la légitime défense n’est pas une excuse pour un génocide et que la raison pour laquelle on prétend entrer en guerre n’a aucune incidence sur la manière dont on la mène. L’UE évite donc la question, d’une manière peut-être moins visible qu’Israël et les États-Unis.

“Israël a détruit Gaza”, a déclaré le rapporteur spécial. Ce n’est pas un incident, ce n’est pas une catastrophe naturelle, c’est un génocide. Maintenant tout repose sur ceux qui admettent cette terrible vérité et ceux qui se la cachent.

Traduction : AFPS-Rennes

Les prisonniers palestiniens sont victimes de tortures et d'exécutions systématiques dans le silence des organisations internationales

https://euromedmonitor.org/en/article/6215/Palestinian-prisoners-are-victims-of-torture-and-systematic-executions-as-international-organisations-are-silent

09 mars 2024

Genève – Les prisonniers palestiniens de la bande de Gaza détenus par l’armée israélienne sont victimes de meurtres prémédités et d’exécutions arbitraires en dehors de la loi et du système judiciaire, a déclaré l’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme dans un communiqué publié samedi.

Euro-Med Monitor a souligné la nécessité pour les autorités judiciaires internationales, en réponse à ces crimes, de lancer une enquête internationale urgente et complète afin de tenir les auteurs responsables, d’exhumer les corps, d’identifier les victimes, de restituer les dépouilles et de rendre justice aux familles des victimes. Il a également souligné la nécessité de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver la vie des milliers de personnes qui sont toujours détenues dans les prisons et les centres de détention israéliens sous la contrainte, en état d’arrestation ou de disparition forcée.

Selon Euro-Med Monitor, les prisons et centres de détention israéliens sont devenus des répliques plus brutales de Guantanamo. Les mauvais traitements et le mépris dégradant de la dignité humaine, la privation des droits les plus fondamentaux et les formes horribles de torture, y compris celles qui aboutissent à des meurtres, ont été documentés malgré les nombreuses condamnations internationales et les demandes visant à garantir les droits et la sécurité des prisonniers et des détenus.

Euro-Med Monitor s’est dit horrifié et choqué par les informations persistantes faisant état de meurtres intentionnels de prisonniers et de détenus palestiniens, tandis que d’autres ont été torturés à mort dans le camp de Sde Teman et dans d’autres centres de détention et installations militaires israéliens.

L’organisation de défense des droits de l’homme a cité des informations publiées il y a deux jours dans le journal hébreu Haaretz concernant la mort de 27 détenus de la bande de Gaza depuis le 7 octobre au cours d’interrogatoires et de détentions dans des installations militaires israéliennes, à la suite de tortures et de mauvais traitements graves.

Selon le journal, les détenus sont morts alors qu’ils étaient détenus à la base de Sde Teman, près de Beersheba, dans le sud d’Israël, et à la base d’Anatot, près de Jérusalem occupée, ou alors qu’ils faisaient l’objet d’une enquête dans d’autres installations israéliennes. L’armée n’a pas publié d’informations sur ces décès.

Euro-Med Monitor a averti que l’armée israélienne continue de commettre le crime de disparition forcée de prisonniers et de détenus de la bande de Gaza en retenant des listes de leurs noms et des informations sur leur localisation, et en les privant des protections légales qui devraient leur être accordées pour des détentions de longue durée.

Alors que nombre d’entre eux ont été soumis à des tortures physiques et psychologiques, à des violences sexuelles et à des menaces depuis leur arrestation jusqu’à leur libération, certains détenus ont été soumis à des tentatives de marchandage et de chantage exigeant une coopération avec l’armée israélienne et le Shin Bet en échange de l’allègement de leurs tortures ou de l’obtention de certains “privilèges” et de leur libération.

Euro-Med Monitor a précédemment rapporté que le camp militaire de Sde Teman, situé entre Beersheba et Gaza, a été transformé en une prison semblable à Guantánamo. Les détenus y sont maintenus dans des conditions très difficiles, semblables à des cages à poules en plein air, sans accès à la nourriture ou à la boisson pendant de longues périodes, en plus d’être soumis à des tortures sévères, des coups et des mauvais traitements pour leur arracher des aveux forcés et/ou les punir parce qu’ils sont Palestiniens. Ils ont également été privés de tout contact avec le monde extérieur.

Selon Euro-Med Monitor, les détenus des camps israéliens sont des enfants, des jeunes et des personnes âgées. Ils sont soumis à des interrogatoires pendant des jours dans des enceintes clôturées, les yeux bandés et les mains attachées. Les témoignages indiquent qu’au cours de la nuit, des lumières ont été allumées et braquées sur eux dans le but de les épuiser continuellement, de les priver de sommeil et de les soumettre à diverses formes de torture et de mauvais traitements. L’accès à une représentation juridique ou à des visites du Comité international de la Croix-Rouge leur a été totalement refusé.

Le plus alarmant et le plus dangereux, selon Euro-Med Monitor, est l’insistance de l’armée israélienne à déshumaniser systématiquement les Palestiniens de la bande de Gaza, y compris les prisonniers et les détenus, en leur refusant les droits de l’homme, la douleur ou la dignité. Les détenus sont soumis à des crimes particulièrement cruels et sadiques, tels que la torture et même les assassinats, après lesquels leurs corps sont cachés sans que leurs proches soient informés de leur sort et de leur localisation.

L’armée israélienne a autorisé ses soldats à mener des opérations d’arrestation arbitraires, aléatoires et généralisées dans la bande de Gaza, a constaté Euro-Med Monitor. Cette mesure a été prise en vertu des dispositions de la loi sur les combattants illégaux, qui prive les prisonniers et les détenus de tous les droits qui leur sont accordés par le droit humanitaire international et les normes en matière de droits de l’homme, y compris les protections juridiques. Cette loi les empêche d’être traités comme des détenus en vertu de la quatrième convention de Genève de 1949 et comme des prisonniers de guerre en vertu du premier protocole aux conventions de Genève. Avec le début du crime de génocide dans la bande de Gaza, la loi sur les combattants illégaux a été modifiée pour permettre la détention de Palestiniens pour une durée maximale de 75 jours, avec la possibilité d’une prolongation indéfinie, sur la base de preuves secrètes que ni le détenu ni son avocat ne sont autorisés à voir, ce qui les prive de leur droit à un procès équitable et à une présentation juridique. Il convient de noter que le nombre de Palestiniens détenus depuis Gaza en vertu de la loi susmentionnée s’élève à environ 800 personnes, auxquelles s’ajoutent des milliers d’autres détenues dans des centres de détention militaire, selon les données fournies par l’administration pénitentiaire israélienne.

Selon Euro-Med Monitor, au moins deux des personnes décédées alors qu’elles étaient détenues par l’armée israélienne étaient des travailleurs de la bande de Gaza qui possédaient un permis de travail en Israël. Ces personnes ont été placées en détention à la suite des événements du 7 octobre, lorsque des centaines de travailleurs ont été détenus dans des installations militaires avant de faire l’objet d’une enquête approfondie.

Euro-Med Monitor a mis en lumière des témoignages d’anciens prisonniers qui affirment avoir été délibérément privés de nourriture, d’eau et de sommeil, en plus d’avoir subi de graves abus et tortures.

Jihad Yassin, âgé de 43 ans, a déclaré à l’équipe d’Euro-Med Monitor qu’il avait été détenu par l’armée israélienne pendant onze jours en janvier, soumis à des conditions de détention “brutales et effrayantes”, y compris des chocs électriques, des coups violents et des entraves. Il a également déclaré que lui et les autres détenus avaient été aspergés de produits étranges et inappropriés, les exposant ainsi aux insectes et au gel.

“On nous a servi une nourriture affligeante qui présentait des signes de moisissure. Non seulement nous avons été sévèrement battus, mais on nous a également fait prendre des médicaments qui provoquaient des hallucinations. Je ressens encore les effets secondaires de ces drogues, comme des maux de tête et des étourdissements.”

Radwan Katkat, un employé de l’Autorité palestinienne âgé de 44 ans qui vit dans le nord de la bande de Gaza, a affirmé qu’après avoir été enlevé d’un abri près de l’hôpital Kamal Adwan le 11 décembre, il a été détenu par l’armée israélienne pendant 32 jours.

Il a précisé qu’il avait été soumis à une série d’interrogatoires, dont le premier a eu lieu dans une partie isolée du nord de la bande de Gaza, après qu’il ait été dépouillé de tous ses vêtements et attaché par les mains et les pieds. Il a ensuite été emmené dans un autre endroit proche et a subi de graves abus physiques et psychologiques, y compris des coups, avant d’être emmené dans un camp de détention israélien avec son fils et d’autres membres de sa famille.

Selon Euro-Med Monitor, presque tous les groupes sociaux de la bande de Gaza ont été touchés par les arrestations israéliennes. L’avocat Mohammed Khairy Dalloul, âgé de 35 ans et résidant dans le quartier de Zaytoun, au sud de la ville de Gaza, en est un exemple. Il a été placé en détention le 19 novembre 2023 alors qu’il tentait de s’échapper vers le centre de la bande de Gaza. Il a été détenu arbitrairement pendant 56 jours.

Dans son témoignage à l’équipe d’Euro-Med Monitor, Daloul a rapporté que “les soldats m’ont demandé d’être complètement nu et m’ont fouillé à l’aide d’appareils électroniques, puis m’ont emmené pour une enquête, au cours de laquelle j’ai été battu avec des bâtons et des matraques, y compris au visage. L’un des soldats a même mis son pied sur ma poitrine jusqu’à ce que je sois presque à bout de souffle. Les soldats m’ont laissé là lorsqu’ils ont vu le sang couler de ma tête et de mes pieds”.

“Le soir de mon arrestation, j’ai été emmené sur le site de Be’eri avec plusieurs autres détenus, menotté et les yeux bandés. “Une quarantaine d’entre nous étaient retenus prisonniers à l’intérieur d’une tente lorsqu’une dizaine de soldats ont fait irruption et ont commencé à nous battre. L’un d’entre nous était aveugle et ils lui ont arraché le menton alors qu’il hurlait de douleur. Après avoir été transféré à la prison d’Al-Sabaa, j’y ai passé 14 jours menotté et les yeux bandés avant d’être soumis à une nouvelle série d’interrogatoires et de passages à tabac brutaux.”

“Le quinzième jour de mon arrestation, j’ai été emmené avec une cinquantaine d’autres détenus dans un endroit proche, qui était un conteneur”, a-t-il poursuivi. “On nous a bandé les yeux et menotté pendant que les soldats lâchaient des chiens sur nous et nous frappaient sur tout le corps, en particulier sur l’estomac et d’autres parties sensibles. Nous avons ensuite été emmenés à la prison du Néguev. En chemin, les soldats se sont relayés pour nous battre sévèrement, nous insulter et nous menacer. En raison des coups violents, les autres prisonniers et moi-même étions couverts de sang, au point que nous devions uriner et évacuer du sang”.

Daloul a indiqué qu’à son arrivée à la prison du Néguev, il a été détenu avec 17 autres prisonniers dans une tente pouvant accueillir cinq personnes au mieux, sans espace pour dormir ou se reposer. L’intensité des coups et de la douleur l’a empêché de dormir pendant une semaine entière. Il a demandé à consulter un médecin à plusieurs reprises, mais s’est heurté à des insultes et à un refus.

Euro-Med Monitor a constaté que le Comité international de la Croix-Rouge en particulier n’était pas en mesure de surveiller de manière adéquate les conditions des prisonniers et détenus palestiniens de la bande de Gaza, et que son refus de condamner publiquement les autorités israéliennes pour les avoir empêchés de faire leur travail permettait à l’armée israélienne de commettre davantage de crimes contre le peuple palestinien. L’organisation de défense des droits affirme en outre que l’armée israélienne continue de commettre ces crimes odieux malgré l’augmentation du nombre de prisonniers et de détenus tués, ainsi que les rapports d’organisations internationales faisant état de tortures et d’autres mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens, hommes et femmes, y compris le harcèlement sexuel et le viol, et les vidéos publiées par des soldats de l’armée israélienne montrant des centaines de détenus dans des conditions déplorables, qui suffisent à alerter sur les crimes plus graves qui sont commis à leur encontre.

Le groupe de défense des droits basé à Genève a appelé le Comité international de la Croix-Rouge à assumer ses responsabilités et à vérifier les conditions de détention des Palestiniens dans les prisons israéliennes. La Croix-Rouge doit prendre position publiquement et publier des déclarations chaque fois qu’Israël l’empêche d’accomplir les tâches qui lui incombent, notamment de rendre visite aux prisonniers et détenus palestiniens, a souligné Euro-Med Monitor.

Euro-Med Monitor a également appelé la Cour Pénale Internationale à rompre immédiatement son silence sur les crimes graves commis par Israël dans la bande de Gaza depuis plus de cinq mois, et à fournir une protection internationale aux Palestiniens, en mettant fin à l’état d’immunité et d’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes et en s’efforçant de les faire répondre de leurs actes immédiatement et équitablement.

Euro-Med Monitor a appelé le Rapporteur Spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, le Rapporteur Spécial sur la question de la torture, le Groupe de travail sur la détention arbitraire, et le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires à enquêter immédiatement et de manière exhaustive sur tous les crimes graves commis par l’armée israélienne à l’encontre des prisonniers et détenus palestiniens, y compris les exécutions et les meurtres illégaux, la torture et les traitements inhumains, et les disparitions forcées, et de soumettre des rapports sur ces crimes à toutes les parties concernées, en vue de préparer le travail des comités d’enquête et d’établissement des faits et des tribunaux internationaux.

Auparavant, Euro-Med Human Rights Monitor a révélé que l’armée israélienne a introduit des groupes de civils israéliens dans les centres de détention et les prisons où se trouvent des prisonniers et des détenus palestiniens de la bande de Gaza, permettant aux civils d’être témoins de crimes de torture contre les détenus, beaucoup d’entre eux étant autorisés à les filmer avec leur propre téléphone.

En outre, Euro-Med Monitor a révélé que les détenues palestiniennes sont soumises à des traitements cruels qui s’apparentent à de la torture, à des violences sexuelles et à des menaces de viol. Ces pratiques incluent également des coups, des menaces, l’obligation de se déshabiller complètement, des fouilles à nu, le fait de les attacher, de leur bander les yeux pendant de longues périodes, de toucher leurs parties sensibles, et d’être détenues dans des cages ouvertes glaciales sans accès à la nourriture, aux médicaments, aux traitements essentiels, ou aux produits féminins. Enfin, l’armée israélienne pille l’argent et les biens des détenus lors de leur arrestation.

Le statut de Rome de la Cour pénale internationale qualifie toutes les pratiques israéliennes susmentionnées à l’encontre des détenus palestiniens de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Ces pratiques s’inscrivent dans le cadre du génocide perpétré par Israël contre le peuple palestinien depuis le 7 octobre.

La famine est déjà là

Des femmes déplacées de force portant leurs affaires passent devant les forces israéliennes alors qu’elles fuient la zone de Hamad City à Khan Younis, le 5 mars 2024. (Saeed Jaras / APA Images)

https://electronicintifada.net/content/famine-already-here/45026

Hamza Salha The Electronic Intifada 8 mars 2024

Il ne suffit pas que nous soyons confrontés chaque jour à une mort certaine du fait des frappes aériennes israéliennes. Aujourd’hui, nous mourons de faim à Gaza.

Il ne reste plus grand-chose à manger en dehors des aliments pour animaux : maïs, orge, foin. Nous ne pouvons même pas nous permettre d’acheter les aliments pour animaux de compagnie qui sont très chers au marché.

Serons-nous ensuite obligés de manger des feuilles d’arbre ?

Je suis resté dans le nord avec ma famille élargie, nous sommes une quarantaine en tout. Nous ne sommes pas allés au sud, malgré les bombardements israéliens quotidiens.

Les Nations unies préviennent que nous sommes très proches de la famine à Gaza, qu’elle est “presque inévitable”, bien que nous ayons l’impression d’y être déjà.

Au moins 20 Palestiniens sont morts de faim.

Ma famille fait tout ce qu’elle peut pour rester en vie.

Au cours des trois derniers mois, nous avons suivi un régime alimentaire précis. Chaque personne recevait deux morceaux de pain blanc par jour : un pour le déjeuner, un pour le dîner.

Ce nombre a ensuite été réduit à un morceau de pain par jour.

Au fur et à mesure que nos réserves de farine diminuaient, nous avons commencé à la mélanger à de la farine de maïs pour la faire durer plus longtemps.

Lorsque nous avons manqué de farine, nous avons mélangé notre semoule de maïs avec de l’orge. Aujourd’hui, nous en sommes au riz.

Je ne sais pas ce que nous mangerons quand il n’y en aura plus.

Les marchés n’ont plus de légumes, de viande, de poulet et d’œufs. Une fois ces produits épuisés, nous avons eu recours à des substituts.

Au lieu du lait, on utilise de la mayonnaise, au lieu des tomates, on utilise des produits en conserve, et ainsi de suite.

Quand on a faim, on ne pense qu’à ça.

De la fausse nourriture

Pourtant, je m’estime chanceux, car je ne suis responsable que de ma propre alimentation. Mes frères et sœurs et d’autres personnes ayant des enfants renoncent à leurs portions pour nourrir leurs enfants.

Ma belle-sœur Eman, 27 ans, est mère de jumeaux de 9 mois, Momen et Mahmoud, et de Zeina, 4 ans.

Eman souffre de malnutrition et a désespérément besoin de suppléments de calcium.

“Mes jumeaux se réveillent affamés plusieurs fois par nuit, en pleurant bruyamment”, explique-t-elle. “J’essaie de leur donner du thé à la camomille plutôt que du lait, en espérant qu’ils se rendormiront.

Au petit-déjeuner, les graines de sésame remplacent les œufs.

De l’eau contaminée au lieu d’une eau potable.

Les enfants, dont le système immunitaire est déjà affaibli, risquent de tomber gravement malades à chaque repas manqué.

Eman est extrêmement inquiète pour la santé de ses enfants, car ils n’ont pas reçu de vaccinations à jour.

Lorsque Zeina a faim, elle sort ses crayons de couleur et fait semblant de se régaler, faisant comme si les crayons étaient des brochettes.

Les crises des tout-petits

Mon neveu Omar, 6 ans, a également faim. Il vole maintenant la nourriture que sa mère cache pour son frère de 2 ans.

Omar a demandé à sa mère s’ils pouvaient faire des bonbons avec du sable au lieu de la farine.

La faim affecte notre humeur à tous, mais surtout celle des tout-petits. Omar passe la nuit à se disputer avec sa mère, sa faim le poussant à la crise.

Sa mère lui prépare une fine soupe d’eau et de sauce tomate le soir, en espérant que cela l’aidera à s’endormir.

Ma nièce Aya, 5 ans, économise son pain toute la journée pour avoir un repas plus complet le soir. Elle ne peut pas dormir l’estomac vide.

Étant si jeune, elle ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de nourriture et elle supplie sa mère de lui en donner.

Aya a également développé une autre série de croyances. Elle pense que c’est l’armée israélienne qui nous a créés, car elle joue le rôle de Dieu dans nos vies, en contrôlant notre destin et en déterminant si nous mangeons ou non.

Le ramadan approche

En ce qui me concerne, j’ai atteint les limites de la faim plus d’une fois.

J’ai récemment trouvé un vendeur de shawarma dont les prix étaient astronomiques. J’avais caché un peu d’argent à ma famille et je l’ai dépensé pour un shawarma.

La culpabilité que j’ai ressentie en mangeant un repas, seul, est quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant. Je me suis senti mal à l’aise de manger un shawarma, de manger de la nourriture devant quelqu’un et encore plus de dire à quelqu’un que j’avais mangé.

Le ramadan arrive bientôt et nous allons jeûner. Le soir, alors que nous avions autrefois des repas pour rompre le jeûne, nous continuerons à souffrir de la faim.

Hamza Salha est un journaliste basé à Gaza. Il écrit pour We Are Not Numbers.