Ce matin retour de bon matin à Zawiya pour aller observer le passage des paysans palestiniens ayant des terres dans le périmètre de la colonie de Elkana. Cette colonie est entourée de trois clôtures et d’une piste de ronde au delà des zones d’habitation. Cela intègre des oliveraies et zones de pâtures appartenant aux villages palestiniens voisins. Ici plus de 500 ha sont donc isolés du reste du terroir villageois.
Une porte dans la clôture extérieure permet aux paysans d’atteindre leurs parcelles mais elle n’est ouverte -et refermée- que trois fois dans la journée: à 6h, 13h, et 19h. Ce matin une cinquantaine de piétons, trois vélos et un tracteur attendent au point du jour.
Le fourgon chevrolet noir de l’armée arrive avec 30 minutes de retard. Il en sort trois jeunes femmes militaires armées qui ouvrent l’étroite porte et contrôlent pièce d’identité et laisser passer des travailleurs. Le tracteur passe après quelques pourparlers. Après plus d’une heure d’attente certains paysans ont encore 5 km à pied ou en bus pour atteindre leurs parcelles. Malgré la barrière de la langue nous avons compris par les gestes qu’ils risquaient de se faire alpaguer par des colons, qu’ils trouvaient certains arbres coupés et que les sacs d’olives laissés sur place devaient être bien cachés.
Cette scène illustre les multiples entraves à la libre circulation que nous observons: larges tronçons d’autoroute réservés aux Israéliens tandis que les palestiniens serpentent dans la montagne sur des routes fortement déconseillées aux israéliens. Un jeune nous témoigne également qu’il faut si tout va bien trois jours pour obtenir un laisser passer pour aller à Jérusalem. Le tout sous le contrôle de l’armée, des cameras de video-surveillance et de quelques milliers de kilomètres de barbelés…
Comme pour lever cette chape sur nos têtes, un énorme orage s’est levé à notre retour à la maison laissant tomber une pluie bénéfique pour les oliviers et les semis d’automne.