18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Halhul, vendredi 11 octobre

Il est 12h30 quand on arrive à Halhul. Raed est aux champs, cueillir le raisin sûrement, il commence tout juste sa saison, beaucoup de temps passé à la coopérative.

On a l’après-midi devant nous, on se rend vers Hébron à pied, à 4 ou 5km de chez Raed. Nous faisons la rencontre d’Ibrahim qui se propose de nous faire un tour de la ville. Ibrahim habite dans la vieille ville en zone C. Il nous explique que depuis la 2ème intifada, la ville est séparée en deux.

La région d’Hébron compte environ plus de 200 000 Palestiniens, entre 400 et 800 colons et 700 000 habitants dans le gouvernorat d’Hébron.
On dénombre 120 checkpoints et 2000 soldats pour 400 colons. Cela fait donc cinq soldats pour un colon, ces derniers étant payés par le gouvernement pour occuper la ville.

Ibrahim nous emmène dans les hauteurs de la vieille ville voir des oliviers millénaires. Le plus vieux a 2000 ans. Plusieurs ont été brûlés par les colons. Ibrahim nous accompagne ensuite dans la rue des Martyrs, en descendant un escalier qu’il n’est pas autorisé à monter, pour nous montrer l’absurdité de l’organisation de la circulation des Palestiniens dans Hébron. Nous devons alors ensuite le quitter puisqu’il ne peut pas aller plus loin dans la colonie.

Toutes les échoppes, au rez de chaussée, sont fermées, portes soudées – on nous dira que 1400 magasins palestiniens ont été fermés dans la ville – et le nom de la rue a été changée pour David Hamenech.
Des Palestiniens continue d’occuper les étages, mais les colons leur rendent la vie impossible. Une voiture de police palestinienne stationne à la sortie du checkpoint pour protéger les palestiniens des agressions des colons le vendredi.

C’est en rencontrant Ahmad, 25 ans, dans un café que nous prendrons la mesure de l’oppression subie par les habitants palestiniens de Hébron.
Les Palestiniens sont battus et tués près des checkpoints, ou dans les rues.
L’armée israélienne entre dans les maisons jour et nuit. Les habitations sont volées par les colons pendant l’absence des Palestiniens ou après de lourdes pressions.

Les jeunes enfants sont arrêtés par l’armée pendant de longues heures. Les mêmes enfants courent sous les balles pour aller à l’école quand leurs familles les laissent y aller. Des bombes lacrymogènes sont lancées dans les écoles.

Pas de visite, pas de voiture, encore moins d’ambulance.
Ahmad nous dira que bien que l’armée bloque les observateurs internationaux, il est notable à Hébron, la présence de nombreux volontaires d’organisations de toute l’Europe et d’Amérique Latine, associations que nous espérons rencontrer lors d’une prochaine visite.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée, Farkha le 11 octobre

Le pressoir à olives

Nous nous retrouvons vers 11 h et prenons la direction de Farkha, où nous arrivons vers 15h.

Nous avons été accueillis par Bakr et sa famille. Le village célébrait le mariage d’un de ses cousins. En fin d’après midi à la nuit tombée on est embarqué dans une bétaillère pour aller visiter le pressoir à olives. Sur la route nous récupérons 120 kg d’olives chez trois paysans. Les machines italiennes sont mises en route pour la première fois cette année. Nous assistons à la fabrication des premiers litres d’huile qui serviront à faire du savon.

Trois différentes coopératives utilisent ce pressoir. L’huile est certifiée bio par un organisme égyptien. Chaque année, ce pressoir produit 15 tonnes qui sont stockées dans des cuves, qui sont vendues en Europe et dans les pays arabes par l’intermédiaire du PARC (Palestinian Agriculture Relief Commitee).

Retour chez Bakr pour un dîner en commun. C’est l’occasion pour lui de nous retracer l’histoire du conflit israélo-palestinien au travers de l’histoire locale. Farkha est un village très engagé dans la résistance à la colonisation israélienne par l’organisation depuis des décennies d’un festival annuel, des cours d’éducation populaire, de clubs de volontaires, d’un club et d’une coopérative de femmes.

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18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Jeudi 10 octobre

Ce matin nous étions à nouveau avec Baker à l’éco-jardin. Il nous a invité à créer un endroit dont nous pourrions choisir le nom, qui restera un lien entre notre groupe et la Palestine, avec des plantations que nous aurons envie de  voir grandir et donner des fruits.

Nous avons monté un mur de pierres sèches et comblé une petite parcelle de terre et de compost. Puis nous y avons planté des figuiers de Barbarie, saber en arabe. Les plants sont posés à plat, avec les pluies de l’hiver ils se redresseront d’eux-mêmes à travers le paillage.
L’endroit s’appelle “Tagada Place”. Pour comprendre pourquoi, il faut faire le voyage… Yalla shabab!

Free palestine !

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Mercredi 9 octobre

Haris

Nous sommes allés récolter des olives à Haris, tout près de la colonie de Revava (environ 500m). Il y avait peu de circulation sur les grands axes  et nous avons appris que nous étions un jour de fête juive. Nous avons été accueillis par Abou Kader et son fils Khaled, ingénieur agronome au ministère de la santé.


Ils sont propriétaires terriens dans le secteur. Certaines de leurs parcelles ont été volées pour l’installation de colons.


Le père d’Abou Khaled a planté 500 arbres.
Khaled nous explique qu’une olive qui reste sur l’arbre développe une hormone qui réduit la production l’année  suivante. Il faut donc s’appliquer et ne laisser aucun fruit.

Deux journalistes de Kol Al Nas TV, une chaine de télévision palestinienne basée à Tulkarem, sont venus prendre  des images et interviewer Baker, Youssef et une personne du groupe.

Puis nous avons visité le pressoir de Qarawat Bani Hassan. Tout d’abord on met les olives dans une balance, un tapis roulant les emporte vers le trieur puis vers le concasseur où elle sont écrasées. Les paysans récupèrent l’huile dans leurs bidons. Le reste (le moût) est utilisé pour le feu des fours à pain, ou pour compléter l’alimentation des animaux de la ferme.

En fin de journée, nous sommes allés voir le champ qui a été détruit par l’armée israélienne lundi dernier. Avec nous, un agronome du ministère qui est aussi un volontaire de l’OCHA, interrogeait le propriétaire du terrain pour estimer la valeur du préjudice subi.

Ce soir, une fête est organisée par la famille de Baker, avec une troupe de danseurs de Dabkeh.

18ème campagne de cueillette des olives en Palestine occupée - Mardi 8 octobre

Visite de Naplouse

Naplouse, capitale économique et culturelle de Palestine, s’étend entre deux montagnes, Eybel et Jerazim, sur environ 10 km. Autour de Naplouse se situent trois camps de réfugiés : Balata, Askar, Betulma. L’ensemble compte environ 300 000 habitants dont des groupes de samaritains, présents en terre sainte bien avant les sionistes. Ils subissent également l’occupation et luttent aux côtés des palestiniens.


Nous avons passé un agréable moment avec notre guide, Baker, qui nous a fait découvrir des lieux et des plats typiques (knafeh, pita, shawarma).

Anecdote : le souk d’une longueur de 2 km a empêché à plusieurs reprises l’accès à ce secteur aux soldats israéliens qui s’y perdaient.

Le matin, nous avons rendez-vous avec la section de Naplouse du Parti Populaire Palestinien (Parti Communiste).

Un professeur d’anglais est là pour assurer la traduction. Il est aussi membre du Jerusalem Legal Aid Center. Cette association a des antennes à Jérusalem, Ramallah, Naplouse et Salfeet, elle deux pôles d’activité : des campagnes de sensibilisation et un service d’aide juridique. Elle intervient dans les domaines suivants :

  • Obtenir des autorités israéliennes la restitution des corps des martyrs, certains sont gardés pendant des décennies et servent de moyens de pression lors de négociations. A ce jour, 150 corps ont été restitués, mais 200 à 300 sont encore retenus et les familles ne peuvent pas faire leur deuil.
  • La liberté de mouvement est très entravée par les autorités israéliennes, entre Jérusalem, Gaza et la Cisjordanie, et au sein de chacune de ces zones, séparant les familles. JLAC intervient aussi pour faciliter la sortie de Palestine vers la Jordanie : il y a trois frontières et les trois sont payantes.
  • La possibilité pour les prisonniers de recevoir des visites de leurs familles. Notre traducteur lui-même a fait quatre ans de prison et n’a pu avoir que deux visites.
  • Depuis 2016, JLAC intervient aussi pour les droits des personnes handicapées, notamment accessibilité des lieux publics et des institutions.
  • La torture au cours des interrogatoires en prison.

Les services sont gratuits, il y a actuellement 3000 cas en cours. JLAC emploie 32 personnes et reçoit le soutien de l’Agence Française pour le Développement et du Norway Refugee Concil, entre autres.

Le PPP est né il y a 100 ans, il est intégré à l’OLP (organisation de libération de la Palestine) seulement en 1986, la ligne politique étant alors similaire. Aujourd’hui, ils revendiquent l’application des résolutions de l’ONU, à savoir :
– le respect des frontières de 1967
– le droit au retour des réfugiés
– le versement de compensations financières aux palestiniens spoliés.
Le PPP travaille avec le gouvernement palestinien sur la lutte contre l’occupation mais reste critique sur certains de leurs choix.

Nous nous sommes ensuite rendus à Sebastia, 1 700 habitants. Situé à 15 kilomètres au Nord de Naplouse. Nous avons été accueillis par Ahmad Abu Yasser qui nous a fait visiter cette cité habitée depuis le néolithique, lieu de pèlerinage pour le tombeau de Jean Baptiste.


Le centre du village est en zone A mais la périphérie et le site archéologique sont en zone C. Ainsi le théâtre romain a été pillé par les Israéliens afin d’anéantir cet héritage ancien. Les fermiers rencontrent également des difficultés à travailler, en 2005, 4 000 oliviers ont été coupés.
Le drapeau palestinien flotte toujours au sommet du site archéologique grâce aux militantisme des habitants qui le repositionnent à chaque intervention de l’armée. Aujourd’hui, 20 d’entre-eux sont en prison.
La cité développe l’accueil des touristes par l’ouverture de lieux d’hébergements et l’organisation d’événements culturels, un festival aura lieu en mars 2020.